Que nos communautés soient vivantes !
Est-il possible de formuler des vœux pour 2013 ? Le bilan de l’année écoulée est tellement marqué, en France, par des problèmes douloureux qu’il est bien difficile d’espérer une éclaircie au cœur de la grisaille du quotidien. Impossible, en effet, de rester indifférents devant la fermeture d’entreprises, l’accroissement de la précarité pour beaucoup de familles, les actes d’une extrême violence commis par de très jeunes gens parfois, les tensions entre populations de cultures différentes… Par ailleurs, certains choix d’ordre politique auront immanquablement des conséquences sur l’avenir de la famille, l’éducation, la protection de la vie de la naissance jusqu’à la vieillesse, l’environnement, le lien social. C’est dans une atmosphère morne que nous allons peut-être vivre le passage dans la nouvelle année.
Il n’est pourtant pas inutile de formuler des vœux de bonheur. Rien de magique dans les bonnes paroles que nous échangerons ! Il s’agit avant tout de ne pas se laisser envahir par le pessimisme, la morosité, l’angoisse, voire la désespérance. Ne soyons pas de ceux qui croient à la fin du monde, au chaos dans lequel serait plongée notre humanité.
Pour ma part, je tiens à vous exprimer des vœux de bonheur et de paix en prenant appui sur l’espérance chrétienne. Nos communautés chrétiennes resteront vivantes si elles vivent de cette espérance, si elles regardent résolument vers demain avec confiance. Certes, nous serions tentés de ne voir qu’effondrement ou naufrage dans ce qui arrive, or nous devons simplement accepter cette évidence : ce n’est pas la fin du monde, c’est un monde qui fait place au suivant. C’est une mutation sans précédent dans l’histoire qui nous oblige à relever certains défis comme la fraternité, la solidarité, l’entraide mutuelle.
La liturgie chrétienne chante l’espérance en ce temps de l’Avent et de Noël : « Le monde ancien s’en est allé, un nouveau monde est déjà né : nous attendons le jour de Dieu qui transfigure terre et cieux. » Ce chant fait écho au livre de l’Apocalypse. Contrairement à ce que l’on croit habituellement, ce livre ne décrit pas des catastrophes cosmiques et historiques provoquant la fin violente de l’humanité, mais invite plutôt à accueillir la vie nouvelle de Dieu : « Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus. Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car le monde ancien a disparu » (Ap 21, 4).
Nos communautés chrétiennes resteront vivantes si, confortées par cette espérance chrétienne, elles prennent place dans les débats de société, sans naïveté ni catastrophisme, si elles travaillent à faire advenir un nouveau monde dans lequel tout être humain sera respecté dans sa dignité, en particulier le plus fragile et le plus vulnérable, si elles favorisent des relations marquées par la reconnaissance, la gratuité, le bonheur d’être ensemble.
Nos communautés chrétiennes seront prophétiques si elles osent témoigner à temps et à contretemps dela Bonne Nouvelledu Christ, notre Sauveur. Noël est la fête qui rappelle un message d’espérance : Dieu est venu parmi nous. Il s’est mêlé à notre histoire. Il nous a donné sa paix. Il nous invite à la réaliser chaque jour.
Bon Noël à tous et bonne année 2013 !
Agen, le 3 décembre 2012
Hubert Herbreteau
Évêque d’Agen